Redynamisation des fora de l’ANU-RD Congo en vue d’agir sur la complexité des conflits



Redynamisation des fora de l’ANU-RD Congo en vue d’agir sur la complexité des conflits

Dans le souci de redynamiser ses fora, de renforcer les capacités des membres des Organisations de la Société Civile partenaires et de vulgariser les mécanismes culturels traditionnels de transformation des conflits, l’Association pour les Nations Unies de la RDC a organisé lundi 30 novembre 2020 un atelier à Bukavu dans la salle des professeurs de l’ISDR-  Bukavu. Ce rapport est axé sur le contexte et le déroulement de l’atelier.

  1. Contexte

L’atelier était une occasion de réfléchir sur le contexte de conflictualité en RD Congo en général et en particulier dans la province du Sud-Kivu. Le contexte est caractérisé par  l’escalade des conflits dans presque tous les secteurs de la vie. Les confessions religieuses, les institutions d’enseignement supérieur et universitaire, les organisations de la société civile, les partis politiques, les entités territoriales, l’administration publique, etc. sont et constituent quelques exemples non exhaustifs où les querelles sont persistantes. Les enjeux qui perpétuent la recrudescence de la conflictualité sont diversement expliqués par les acteurs et mettent en péril la paix sociale et la cohabitation pacifique entre communautés. Le climat de tensions crée de la méfiance mutuelle entre individus, et parfois des procès judiciaires interminables…      Pour transformer les conflits, il y a deux voies qui se dessinent, à savoir la voie judiciaire et la voie extrajudiciaire. Cette dernière voie comporte ce qu’il convient d’appeler les modes non juridictionnels, y compris les  mécanismes culturels traditionnels de transformation des conflits.  C’est dans cette optique que l’Association pour les Nations Unies de la République Démocratique du Congo (ANU- RDC) a organisé l’atelier de redynamisation de ses fora et de renforcement de capacités des membres par la présentation des étapes des approches  culturelles traditionnelles de transformation des conflits » exposées dans l’ouvrage intitulé L’Etat Africain et les mécanismes culturels traditionnels de transformation des conflits. Les participants et membres des fora de paix et protection civile, de leaders féminins, des éducateurs, des jeunes et de l’Observatoire citoyen de lutte contre la corruption et pour la redevabilité (OCLCR) ont participé à cet atelier dont les objectifs étaient de redynamiser les fora de ANU-RDC, de renforcer leurs rôles de sensibilisation et de consolidation de la paix pour le développement durable, d’organiser les plaidoyers et les carrefours d’alerte, de valoriser et de vulgariser les mécanismes culturels traditionnels de transformation des conflits auprès de leurs membres par des actions concertées et l’échange des expériences dans plusieurs domaines pour le vivre ensemble.

  1. Déroulement de l’atelier

La modération de l’atelier a été assurée par le chef de section d’ANU-RDC Bukavu, le Docteur Nerval SONGOLO MUTAMBALA. Deux interventions ont marqué l’atelier. Il s’agit de la description des rôles des fora tels qu’ils sont décrits ci-dessus par le chef de section d’ANU-RDC et de la présentation des approches qui ont été appliquées dans les sociétés traditionnelles en Afrique par le Professeur Bosco MUCHUKIWA RUKAKIZA. Ces approches sont développées dans son ouvrage écrit en 2016 et intitulé « L’Etat africain et les mécanismes culturels traditionnels de transformation des conflits ». Son exposé a porté sur quelques points essentiels, à savoir le contexte de la recherche, les objectifs, le contenu de son livre, la synthèse et les références de base pour acquérir des compétences dans les mécanismes extrajudiciaires. Les détails sur le contexte de la recherche, les objectifs, le contenu et la synthèse du livre sont exposés dans ce dernier.

Le professeur Bosco MUCHUKIWA a, d’abord, démontré qu’il existe en Afrique des pays qui ont fait recours aux modes culturels traditionnels de transformation des conflits. D’autres pays les appliquent sans les formaliser. Des ONG internationales soutiennent financièrement celles nationales en vue d’appliquer les approches culturelles traditionnelles dans la résolution des conflits mineurs. Leur objectif est de réduire les foyers de conflits locaux qui contribuent à embraser les Etats en Afrique et à altérer tout processus de réconciliation.   

Ensuite, l’orateur Bosco MUCHUKIWA a indiqué que le tableau de synthèse, présenté à la page 43 du livre, décrit un panorama complet qui permet aux chercheurs de comprendre la procédure des mécanismes culturels traditionnels de transformation des conflits, les niveaux d’intervention et les acteurs chargés de veiller à leur application.

Enfin, l’orateur a suggéré aux participants deux références de base qui complètent les matières apprises, diversifient le regard analytique et outillent les médiateurs. Il s’agit de l’article de MELEGUE TRAORE publié en 2010 à Bruxelles sous le titre : ‘’L’importance des dynamiques endogènes : mécanismes traditionnels de prévention et de résolution des conflits’’. Sa contribution est contenue dans l’ouvrage sous la direction de Jean-Pierre VETTOVAGLIA, dénommé Prévention des crises et promotion de la paix, volume I, Médiation et facilitation dans l’espace francophone : Théorie et Pratiques. Les idées développées dans cette contribution enrichissent et complètent le rapport de recherche de NIAGALE BAGAYOKO et FAHIRAMAN Rodrigue KONE publié en 2017 à Montréal au Canada sous le titre : Les mécanismes traditionnels de gestion des conflits en Afrique subsaharienne. Les deux travaux scientifiques doivent être lus pour meubler l’esprit et avoir une connaissance suffisante sur le patrimoine africain de transformation des conflits.

Conclusion 

L’atelier de redynamisation des fora d’ANU-RDC a permis de renforcer les capacités des membres des organisations de la société civile du Sud-Kivu partenaires sur les mécanismes culturels traditionnels de transformation des conflits. La complexité des conflits qui persistent dans l’Etat moderne en général et en RDC en particulier n’est pas identique à celle dans les sociétés traditionnelles en Afrique. La complexité amplifie et perpétue l’escalade des conflits en RDC suite à la faiblesse de l’Etat, à la pauvreté, à la mauvaise gouvernance, à l’échec du christianisme et du système éducatif dans ce pays. Les mécanismes culturels traditionnels de transformation des conflits, comme tous les modes extrajudiciaires, nécessitent d’être appliqués, en tenant compte du contexte, pour régler des conflits qui n’exigent pas le recours à la voie diplomatique et l’usage de l’armée.

Fait à Bukavu, le 30 novembre 2020

KASAGWE SHAMURHO Marcellin


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