La féminisation de l’agriculture à Bideka dans la chefferie de Walungu au Sud-Kivu



La féminisation de l’agriculture à Bideka dans la chefferie de Walungu au Sud-Kivu

L’Antenne de Développement Rural (ADR) de Bideka est à 30 Km de la ville de Bukavu. Pour être plus précis, cette antenne est située dans les localités de Kahembarhi et de Lurhala, et dessert les populations de la chefferie de Ngweshe  dans le territoire de Walungu au Sud-Kivu à l’Est de la  R.D. Congo. Les statistiques démographiques de 2017 chiffrent les habitants de la localité de Kahembarhi à 48.548 personnes dont 21.010 hommes et 27.538 femmes. Ces habitants pratiquent l’économie de subsistance (l’agriculture, l’élevage et le petit commerce).

 Composé de 19 étudiants dont 14 garçons et 5 filles, le principe de parité n’était pas respecté lors de la constitution des équipes d’accompagnement des étudiants sur le terrain. A Bideka, l’encadrement des étudiants a été assuré par l’Assistant Vedaste CITULI ALINIRHU. L’activité de professionnalisation des étudiants de deuxième année de graduat a duré neuf  jours. Le temps relativement court y imparti est un défi évident pour couvrir les coins et les recoins de l’axe Bideka qui est constitué de cinq sous-axes dont Bideka centre, Bava, Buhesi, Kahembarhi et Cangombe.

L’analyse participative des problèmes de développement dans cette entité a identifié la faible production agricole due à l’utilisation des techniques agricoles traditionnelles, les maladies des cultures, la faible production pastorale due à l’émiettement des pâturages et l’utilisation des races non améliorées, la faible adoption des pratiques d’hygiène et assainissement, l’accès difficile aux soins de santé, le faible accès à l’éducation, la dégradation de l’environnement et la féminisation de l’agriculture.

Le phénomène de féminisation de l’agriculture est caractérisé par l’abandon de l’agriculture aux femmes. Celles-ci et leurs filles à majorité sont plus visibles aux champs. Quelques hommes encore présents aux villages tuent et passent leur temps dans les débits de boisson. La plupart des hommes font l’extraction artisanale des minerais ou la fabrication des briques car ces deux activités sont rentables que l’agriculture. La ruée vers les sites miniers a traîné une frange importante d’hommes actifs à Misisi. Le carré minier de Misisi est un véritable aspirateur des hommes en dépit que certains reviennent pour un court temps. Pour les autres, leurs épouses doutent de leur retour définitif car il y a 3 ans qu’ils ne sont plus rentrés chez eux.

Abandonnées, ces femmes sont accompagnées par quelques organisations non gouvernementales (FSH, Ker International) qui les ont aidées à structurer en Association Villageoise d’Epargne et de Crédit (AVEC) pour promouvoir l’économie solidaire et l’entraide. Cette initiative promeut l’autonomisation des paysannes mais faute du capital minime pour combattre la pauvreté des ménages ruraux. Confrontées à cette situation, ces femmes préfèrent satisfaire les besoins vitaux que d’investir dans l’agriculture. Le deuxième et dernier défi est que les organisations ne sont pas parvenues à animer des hommes à se remobiliser pour l’agriculture. L’aide de ces organisations est principalement orientée vers la formation préliminaire et l’appui en cahiers et caissette. 

Séance d’animation des membres de l’AVEC Bava par les étudiants de l’ISDR-Bukavu en sorties professionnelles

Pour cette raison, les étudiants ont conscientisé les paysans sur la parité dans l’agriculture. Les conscientisations ont été organisées dans les AVEC de Buhesi, Bava et Kahembarhi. Enfin, 590 ménages ruraux ont été sensibilisés en raison d’au moins 20 ménages par étudiant durant deux jours.

C’est ainsi que le petit fonds destiné aux soutiens des initiatives locales prévu par l’ISDR-Bukavu a servi à acheter une chèvre qui a été donnée à l’AVEC Rhugwasanye de Buhesi pour encourager la parité dans l’agriculture et l’élevage. 

Remise officielle de la chèvre aux membres de l’AVEC Buhesi par les étudiants de l’ISDR-Bukavu en Sorties professionnelles

L’exemple de l’ISDR-Bukavu est une goutte d’eau dans l’océan pour encourager la parité dans l’agriculture au sens large et inciter les opérateurs économiques d’investir dans ce secteur. La promotion d’une classe moyenne constituée des exploitants agricoles passe par l’octroi aux paysans performants de Bideka des crédits agricoles. Le remboursement de ces derniers doit répondre à une échéance raisonnable et au taux d’intérêt incitatif très bas que possible. Pour faciliter l’écoulement des produits agricoles, il sera impérieux, dans le futur, de créer et de protéger le marché local contre les importations des produits agricoles, d’installer des petites usines de transformation et de développer des banques agricoles, etc. C’est ambitieux, même c’est trop de rêves. Le plus important est de connaître par où commencer en vue d’impliquer l’Etat congolais, les investisseurs et les autres donateurs à investir dans l’agriculture en vue de promouvoir la parité de genre. C’est l’une des clés de la réussite afin d’induire le développement local durable. 

 


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