Land Rush – est une recherche-action sur les conflits fonciers liés à l’accaparement des ressources naturelles dans la province du Sud-Kivu en RDC. Le projet se veut de ccontribuer à la promotion d’une collaboration entre le monde académique, celui des décideurs politiques et de la société civile en vue de l’efficacité et de la durabilité des politiques et activités de développement rural. Il a pour objectif de contribuer au renforcement de la cohésion sociale au sein des communautés rurales du Sud-Kivu à partir de la réduction des conflits fonciers liés à l’accaparement du sol, du sous-sol et de l’eau.
C’est dans le cadre de son volet Renforcement des capacités des partenaires que la présente Journée doctorale interdisciplinaire organisée le jeudi 28 mars 2018 se situe. Cette journée doctorale, qui visait la production et la diffusion des savoirs scientifiques a été financé par le Projet LAND RUSH exécuté par l’Institut Supérieur de Développement Rural de Bukavu (ISDR-Bukavu) en Collaboration avec l’Université Catholique de Louvain (UCL) et l’Université Catholique de Bukavu (UCB). Ainsi, 4 doctorants enseignants à l’ISDR-Bukavu et à l’UCB ont présenté les niveaux d’avancement de leurs recherches devant leurs collègues des universités et instituts supérieurs de la ville de Bukavu ; les organisations de la société civile partenaires du Projet Land Rush et leurs promoteurs locaux. On a noté la présence dans la salle MOOC de 3 promoteurs de ces doctorants. Il s’agit de Prof. Léonard Mubalama (promoteur du Doctorant Désiré Mweze), du Prof Espoir Bisimwa (promoteur des doctorants Jean-Pierre Cirimwami et Dieudonné Bahati) et Prof. Jean-Berchmans Muhigwa (promoteur des doctorants Désiré Mweze et Jean-Pierre Cirimwami). Les présentations des doctorants ont été faites sous-forme de Panel.
D’entrée de jeux, le Prof. Dr Emery M. Mudinga, Coordonnateur scientifique du Projet Land Rush, a circonscrit le cadre de la Journée doctorale interdisciplinaire, présenté les objectifs de la Journée ainsi que les doctorants.
Titre de la recherche doctorale: « La Sécurisation foncière rurale à l’épreuve de la modernisation. Essai d’analyse systémique de l’ingénierie institutionnelle de certification des droits fonciers coutumiers au Sud-Kivu (RD Congo) ».
RÉSUMÉ DE LA RECHERCHE
La recherche est menée dans un contexte général de la rareté croissante du foncier à travers le monde. Ce contexte est marqué par les accaparements des terres entraînant des réformes foncières et agraires de plus en plus problématiques notamment sur les modalités d’accès à la terre face à l’expansion du modèle marchand dans le foncier rural. Ce contexte général a conduit à l’interrogation du problème de la sécurisation foncière rurale idoine notamment au niveau local du Sud-Kivu, dans l’Est de la République Démocratique du Congo. La recherche pose le problème de l’avenir des droits fonciers coutumiers sur les terres des communautés locales. Il s’agit des terres qu’elles habitent, cultivent ou exploitent d’une manière quelconque, individuellement ou collectivement, conformément aux coutumes ou aux usages locaux face aux dispositifs nouveaux de la modernisation en général et du paradigme de la modernisation en particulier. La recherche part du constat problématique lié aux mutations législatives en cours en RDC et des contradictions des diverses réformes politiques en sus d’une situation foncière empirique, hautement conflictuelle, dans la province du Sud-Kivu, dans l’Est de la RDC. Elle pose l’hypothèse selon laquelle, à défaut pour l’Etat d’opérer une réforme foncière législative claire depuis plusieurs décennies; les acteurs non étatiques (ONGs et ASBLs) au Kivu en général et au Sud-Kivu en particulier opèrent des programmes d’innovations institutionnelles par le bas profitant de la nouvelle Constitution de 2006 pour implémenter une gestion foncière décentralisée à base coutumière. La recherche se penche alors sur 3 études des cas d’organisations locales impliquées dans les innovations institutionnelles notamment APC pour le territoire de Kalehe, ASOP pour le territoire de Walungu et IFDP pour le territoire de Kabare en collaboration avec les entités coutumières locales et la Province. La question centrale tient à connaître dans quelle mesure les innovations proposées par les acteurs de terrain et leurs partenaires constituent-elles une voie originale de limitation des accaparements des terres pour la sécurité pérenne des droits fonciers au-delà de l’approche légaliste de la « concession foncière » protégé par le certificat d’enregistrement et celle de la « propriété privée » classique. De façon pratique, la recherche ambitionne de démontrer au plan théorique que la modernisation foncière axée sur la certification et/ou la formalisation des droits fonciers dits informels ou coutumiers tend à servir les postulats idéologiques néolibérales dominantes. Cela conduit alors à la remise en question du sens, de l’enjeu et de l’opportunité de la réforme foncière en RD Congo en l’inscrivant notamment dans le débat de la « transition ». Au plan empirique, la recherche entend, au-delà du discours modernisateur de type techniciste mettre systématiquement en évidence la dimension politique du travail des acteurs non étatiques et de leurs partenaires au Sud-Kivu (par le bas) ainsi que des programmes et politiques publiques des réformes foncières en général en RDC (par le haut). La recherche est essentiellement qualitative.
APROPOS DE L’AUTEUR
Joël BARAKA AKILIMALI est né le 20 juin 1990 au Sud-Kivu dans l’Est de la RD Congo. Juriste de formation de l’Université Catholique de Bukavu; il est également détenteur d’un diplôme de Master de spécialisation en « Développement, Environnement et Sociétés » de l’Université Catholique de Louvain en Belgique. Il est actuellement Assistant d’enseignement au sein de l’Institut Supérieur de Développement Rural de Bukavu, ISDR-Bukavu et Doctorant en Sciences politiques et sociales, orientation Gouvernance foncière au sein du Centre d’études du développement de l’Université Catholique de Louvain.
Sujet de la thèse : “Facteurs socio-économiques et environnementaux du développement de l’agrobusiness familial au Sud-Kivu montagneux en RD Congo“
RÉSUMÉ DE LA RECHERCHE
La thèse se propose d’identifier un modèle de promotion de l’agrobusiness au Sud-Kivu montagneux à partir des données récoltées sur le Bushi – Buhavu, une partie de la Plaine de la Ruzizi et Masisi-Rutshuru comme région agricole ciblée du Nord Kivu. La recherche a pour soubassement le questionnement suivant : « Dans un contexte de perturbations climatiques, de crise agricole et d’insécurité alimentaire persistante au sein des ménages de Burhinyi, Kabare, Kaziba, Luhwinja et Ngweshe, est-il possible de produire le manioc, le maïs, le haricot et la pomme de terre pour le marché? ». Elle poursuit quatre objectifs spécifiques : Faire un état des lieux de la crise agricole, les perturbations climatiques et la sécurité alimentaire au Sud-Kivu montagneux ;
Déterminer les facteurs socio – économiques et environnementaux pour une intensification, base du développement de l’agrobusiness familial dans ce milieu ; Analyser le marché agricole dans les chefferies du Bushi et à Bukavu et identifier des stratégies de l’agrobusiness familial dans les régions voisines en vue d’en dégager un modèle optimal. Cette recherche doctorale compte atteindre les résultats ci-après :
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- Les variables climatiques qui affectent la production agricole dans la zone d’étude sont déterminés.
- Les facteurs de la crise agricole au Sud Kivu montagneux sont déterminés et analysés.
- Un état des lieux de la sécurité alimentaire au Sud-Kivu montagneux et perspectives est disponible.
- Les facteurs déterminant l’adoption des technologies de l’intensification du manioc, haricot, maïs et dela pomme de terre au Sud-Kivu montagneux sont déterminés et analysés.
- Les facteurs du marché agricole local et les relations entre eux sont étudiés et définis.
- Les stratégies de l’agrobusiness qui marchent dans la région et ses environs dans des contextesculturel, technique, politique et environnemental proches sont identifiées.
La rédaction au modèle d’une « Thèse à papiers » est structurée en quatre chapitres qui vont porter respectivement sur le contexte socio-économique du développement de l’agrobusiness familial dans un environnement de crise agricole et des perturbations climatiques dans le Sud Kivu montagneux ; l’organisation de l’Unité de Production Agricole vue comme une entreprise familiale ; Les déterminants du succès de l’agrobusiness familial dans le Sud-Kivu montagneux et L’agrobusiness, une nouvelle stratégie de politique agricole : évaluation de bonnes pratiques (benchmarking) de l’agrobusiness familial dans le SudKivu montagneux au cours de la dernière décennie.
A PROPOS DE L’AUTEUR
CIRIMWAMI Kashangabuye Jean-Pierre est enseignant – chercheur à l’ISDR-Bukavu / Sud-Kivu en République Démocratique du Congo depuis 1996. 55 ans d’âge, il est spécialiste et consultant en aménagements hydro agricoles et en agro management, en aménagement durable des terroirs agricoles et en planification-suivi-évaluation des plans, programmes et projets de développement. Il mène ses recherches doctorales sur les facteurs socio-économiques et environnementaux du développement de l’agrobusiness familial au Kivu montagneux à l’Est de la RDC ; inscrit à l’Université d’Antananarivo-Madagascar. Ses domaines de recherche portent notamment sur l’écodéveloppement et la sécurité alimentaire, la protection du droit à la propriété foncière en RDC, l’aménagement des territoires et la gestion des forêts tropicales humides dans la région de grands lacs. Il compte à son actif une vingtaines d’articles scientifiques publiés dans des journaux locaux, nationaux et internationaux sur la sécurité alimentaire.
Titre de la recherche: “La thésaurisation foncière comme conséquence de l’accumulation des terres par les élites en milieu rural au Sud-Kivu“
RESUME DE LA RECHERCHE
Les inégalités en matière foncière s’observent depuis longtemps dans le monde et justifient les grands écarts entre les élites et le reste de la communauté. A l’Est de la RDC et en province du Sud-Kivu en particulier, il s’observe une forte pression sur les terres rurales. Les élites locales et celles extérieures aux milieux ruraux, acquièrent des grandes étendues de terres, qui pour la plupart étaient des plantations ou des fermes coloniales. Entre temps, dans le milieu, la population augmente. Or, celle-ci vivant essentiellement d’une agriculture traditionnelle fortement dépendante de la disponibilité foncière, voit ses besoins en terres s’accroitre au fil des années aussi bien pour les activités agricoles que pour l’habitat. Les grandes étendues de terres actuellement entre les mains des élites étaient exploitées initialement pour des cultures industrielles principalement (caféier, quinquina, théier, …), mais tombées pour la plupart en faillite. Les cultures industrielles ne sachant plus se pratiquer, nombreuses d’entre elles se sont transformées en des vastes étendues de cultures vivrières, pratiquées par des ménages riverains qui y louent de la terre. Il devient dès lors intéressant d’analyser la présence de ces grandes étendues de terres à côte des paysans disposant de petits lopins de terres ; dans un contexte où ces étendues ne sont pas exploitées d’une manière particulière, tel a été l’objectif du travail présenté au cours de cette journée. Pour y parvenir, il est tout d’abord décrit la pression sur les terres rurales au Sud-Kivu à travers différents secteurs (minier, protection des ressources naturelles, agropastoral et naissance de nouvelles agglomérations). L’attention est principalement focalisée sur les territoires qui connaissent des densités de population élevées dont Kabare, Walungu et Kalehe. En vue de compléter les informations contenues dans la littérature sur la question, une enquête a été conduite auprès de 120 ménages dans quatre localités en territoire de Kalehe; ainsi qu’auprès de 7 grandes concessions dans le milieu. Il en ressort que les ménages cultivent en moyenne 3 champs d’une étendue moyenne de 0,4 ha parmi lesquels un est pris en location. Les grands concessionnaires ont en moyenne une étendue de 118 ha avec un nombre de locataires, 133 en 2017, ayant évolué de 87 % entre 2014 et 2017, occupant parfois plus de la moitié de l’étendue de la ferme. Des difficultés d’accès à la terre tel que ressorti de cette étude (39 % de ménages enquêtés ont pu acquérir 0,25 ha par achat en 10 ans), des mesures devraient être prise en vue de prévenir des problèmes à l’avenir, la population augmentant à un rythme soutenu et le besoin en terres aussi. Ces mesures permettraient notamment à ceux qui ont urgemment besoin de la terre (ici les paysans) d’y avoir accès.
A PROPOS DE L’AUTEUR
Sujet de la thèse : “Dynamiques socio-économiques et gestion de la biodiversité à l’est de la République Démocratique du Congo : vers une endogénisation des politiques de conservation des aires protégées”
Résumé de la recherche
La thèse s’insère dans l’âpre débat mondial sur la justice environnementale. Elle se propose, de ce fait, d’identifier un modèle d’endogénisation des politiques de gestion de la biodiversité conciliant les impératifs de la conservation de la biodiversité à ceux du développement socio-économique local dans un contexte changeant. A travers une étude de cas portant sur le Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB) à l’est de la RDC, cette thèse tient au paradoxe vexant de l’érosion sans précèdent de la biodiversité en dépit du passage de la « Fortress conservation » aux approches de gestion participative des aires protégées. Elle poursuit quatre objectifs spécifiques 🙁i) fait une analyse diachronique(1987-2017) des dynamiques socio-économiques des terroirs riverains du parc national de Kahuzi-Biega,(ii) en analyse les effets subséquents sur la dépendance des riverains aux ressources naturelles, sur les rapports de force entre les acteurs en présence et sur l’efficacité de gestion de la biodiversité,(iii) appréhende les perceptions locales et analyse la résilience des riverains aux dégradations environnementales , et enfin, (iv)analyse le consentement à payer des riverains pour l’intégration de la biodiversité dans la planification locale( plans locaux de développement) : endogénisation des politiques de gestion des aires protégées pour l’effectivité d’une « conservation-développement ».
A propose de l’auteur
Désiré Rutakayingabo Mweze est enseignant – chercheur à l’ISDR-Bukavu / Sud-Kivu en République Démocratique du Congo depuis 2008. 44 ans d’âge, il est spécialiste et consultant en planification-suivi-évaluation des plans, programmes et projets de développement ; en cartographie des incidences des projets de développement ; en relèvement socio-économique post conflit ; en évaluation d’impacts socio-économiques et environnementaux des projets de développement et miniers. Il mène ses recherches sur la résilience paysanne aux crises agricoles, économiques et écologiques ; la socio-économie rurale; la gestion communautaire des risques de catastrophes naturelles dans les régions fragiles ; l’intégration des questions sexospecifiques dans la gestion de la biodiversité à l’échelle communautaire ; les changements globaux et la gestion durable de la biodiversité et la justice environnementale. Inscrit à l’Université d’Antananarivo(Madagascar), il prépare une thèse en gestion des ressources naturelles et développement, portant sur « les dynamiques socio-économiques et gestion de la biodiversité à l’est de la République Démocratique du Congo : vers une endogénisation des politiques de conservation des aires protégées ». Il compte à son actif une dizaine d’articles scientifiques publiés dans des revues thématiques locales, nationales et internationales sur la résilience paysanne aux crises agricoles, économiques et écologiques ; la socio-économie rurale et la relance agricole post conflit.
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