Mot du DG: Développement d’une culture délinquante



Adresse de la politique du Directeur Général de l’ISDR-Bukavu à l’occasion de la clôture et de la collation des grades académiques, ce samedi 28 novembre 2020

  • Excellence Monsieur le Gouverneur de province du Sud-Kivu ou son représentant ;
  • Honorable Président de l’Assemblée Provinciale du Sud-Kivu ou son représentant ;
  • Honorables Députés Provinciaux et Nationaux ;
  • Excellences Messieurs les Ministres Provinciaux et Nationaux ;
  • Très Chers Officiers Militaires et de la Police ;
  • Chers Membres du Conseil de Sécurité Provinciale ;
  • Monsieur le Maire de la Ville de Bukavu ;
  • Monsieur le Bourgmestre de la Commune de KADUTU ;
  • Messieurs les Recteurs des Universités et Directeurs Généraux des Instituts Supérieurs ;
  • Chers Membres du Comité de Gestion de l’ISDR-Bukavu ;
  • Très Chers Collègues Professeurs, Chefs de Travaux et Assistants ;
  • Chers Agents de l’ISDR-Bukavu ;
  • Distingués invités à vos qualités et Titres Respectifs ;
  • Camarades étudiantes et étudiants ;
  • Mesdames et Messieurs ;
  • Distingués Invités,

L’année académique 2019-2020 a été caractérisée par la crise sanitaire dite pandémie de COVID-19 et les grèves des agents qui revendiquent la paie des primes locales. Leurs revendications ont été plus nocives jusqu’à la veille de la collation des grades académiques d’aujourd’hui. 

Depuis 2018, l’ISDR-Bukavu est dans la spirale des violences qui ont atteint le paroxysme le 8 août 2020[1], par l’agression et l’attentat sur la personne du Directeur Général. Cet acte ignoble et délictueux constitue un Muzombo, c’est-à-dire un opprobre qui a terni l’image et la réputation de l’ISDR-Bukavu au Sud-Kivu, en RD Congo, en Afrique et dans le monde entier car cet attentat a été médiatisé et désapprouvé par l’autorité de tutelle, les pouvoirs publics, tous les citoyens et tous les éducateurs qui n’ont pas compris que les anciens étudiants devenus agents à l’ISDR-Bukavu s’en prennent à leur maître en pensée et formateur de longue date à l’ISDR-Bukavu.

Ce contexte qui reflète le développement d’une culture délinquante rappelle l’incident de samedi 5 juin 1971[2] qui a conduit à la fermeture de l’UNAZA à l’époque et à l’enrôlement des étudiants dans l’armée congolaise lundi 7 juin de la même année et celui de l’agression de l’ancien Directeur Général de l’ISDR-Bukavu le 14 juin 1993[3]. La culture délinquante est caractérisée par la violation de la loi, l’insoumission à l’autorité publique établie, la remise en question de l’ordre social, la propagation des rumeurs, les grèves illégales, la rébellion, les violences, les manipulations des agents, le vol, les casses, les revendications de la prime locale sans travailler, le crime environnemental, l’imputation calomnieuse, etc.

Ces éléments historiques et répétitifs permettent d’axer notre politique générale sur les défis à la cohésion professionnelle dans les milieux universitaires. Notre adresse d’aujourd’hui, c’est un grand jour, porte sur les remerciements, les réalisations en termes de relève académique et les perspectives d’avenir. Avant de développer ce thème, Nous voudrions bien nous acquitter d’un agréable devoir de remercier le Dieu Tout-Puissant qui nous a soutenus contre toute attaque humaine.

Nos pensées de remerciements s’adressent à Son Excellence le Président de la République et Chef de l’Etat Congolais, à Son Excellence le Ministre de l’ESU, à tous  les Ministres du Gouvernement Central, à Son Excellence le Gouverneur de Province du Sud-Kivu et à tous les membres de son Gouvernement pour leurs soutien et présence à cette cérémonie de clôture et de collation des grades académiques 2019-2020.

Nous exprimons nos remerciements à tous les députés nationaux et provinciaux, à tous les Recteurs des Universités et à tous les Directeurs Généraux des Instituts Supérieurs qui ont bien voulu honorer cette cérémonie de collation des grades académiques et manifester leur soutien à l’ISDR-Bukavu en vue de décourager la culture délinquante en milieu universitaire connu comme un cadre de production des valeurs citoyennes et de respect des droits humains par excellence.

Nos remerciements s’adressent aux membres du Comité de Gestion, à tous les collègues professeurs, aux Chefs de Travaux, aux Assistants, aux Agents Administratifs, Techniques et Ouvriers qui ont compris la nécessité de déconstruire la culture délinquante et de désolidariser avec les boulimiques d’argent.

Enfin, nos remerciements s’adressent à tous les lauréats et lauréates d’aujourd’hui, à tous les étudiants et étudiantes, à tous les parents qui nous envoient leurs enfants pour suivre une formation en développement rural, à tous les invités et autres personnalités qui ont répondu à notre invitation.  Qu’ils trouvent ici sans distinction de statut social nos sentiments de reconnaissance et d’amour.

Concernant les défis à la cohésion professionnelle dans les milieux universitaires, c’est le deuxième point à présenter. Les manifestations ont commencé en 2018 par la résistance au changement, par le repli identitaire, la propagation des rumeurs, la médisance et le refus de travailler. 

En 2019, la culture délinquante s’est accentuée par l’usurpation de pouvoir, les altercations autour de manque à gagner, par l’instrumentalisation des agents administratifs, scientifiques et académiques. Ces défis d’ordre éthique sont accentués par la pauvreté des agents et par la faiblesse de l’Etat congolais. Les autres défis sont techniques car il a été pratiquement difficile d’organiser les enseignements en vidéoconférence. L’irruption de la pandémie de COVID-19 a révélé les faiblesses de notre système d’enseignement universitaire et supérieur. La période des pratiques professionnelles a été sensiblement réduite à l’ISDR-Bukavu. La baisse de la qualité de l’enseignement s’est accentuée par le péril d’une culture universitaire, par les grèves des agents et par le manque d’outils  techniques pour introduire la formation à distance. Ces éléments sont des véritables handicaps à l’amélioration de la qualité de l’enseignement.

Mesdames et Messieurs,

En dépit de cette crise, l’ISDR-Bukavu a investi dans la formation des formateurs.  Elle est la meilleure réalisation qui puisse exister.  Quatre enseignants ont défendu et soutenu leurs thèses de doctorat pour honorer l’ISDR-Bukavu et contribuer à l’amélioration de la qualité d’enseignement. Il s’agit de BUGEME ZIGASHANE Ziga, de Jean Pierre CIRIMWAMI KASHANGABUYE, de Désiré RUTAKAYINGABO MWEZE et d’Arthur NYATEMU ZANDA. Ils ont défendu leurs thèses de doctorat respectivement à l’Université Catholique d’Afrique Centrale, à l’Université d’Antananarivo au Madagascar et à l’université de NKUMBA à Kampala en Ouganda. Ces jeunes docteurs font la fierté de notre Institut et sont les bienvenus dans le corps académique.

Les Chefs de Travaux dont Guillaume KAMULETE MUTA, John KADJUNGA, Eric KALABA, Alfred WASSO MUKELENGE ainsi que l’assistant BISIMWA KALAMBI BULANGALIRE sont directement inscrits au programme des recherches doctorales.  D’ici 3 ans, ils soutiendront leurs thèses de doctorat et feront partie du corps académique.

Quelques jeunes assistants ont suivi des formations de Master à l’étranger  respectivement à l’Université Libre de Bruxelles en Belgique, à l’Université Catholique de Louvain en Belgique, à l’Université de Liège, campus de Bulgarie, à l’Université de Dschang au Cameroun, à l’Université du Burundi et à l’Université Senghor d’Alexandrie en Egypte.  Il s’agit de BAHATI MPONJO Barthélémy, de CITULI ALINIRHU Vedaste, de ZIGASHANE BITAGIRWA Salomon, d’AKETCHI LUHANGELA Jeff, de MUKANDAMA KAKOZI Théophile, de BUBALA WILONDJA Isaac. 

Pour le Comité de Gestion, l’investissement dans la relève académique est un grand atout pour rajeunir de la catégorie des Chefs de Travaux qui sont devenus irrédentistes et jérémiades. L’investissement humain stimule et donne l’espoir d’exprimer par écrit la demande d’avoir le troisième cycle, c’est-à-dire d’organiser le DEA et le doctorat en développement et gouvernance des territoires. Ensuite, le Comité de Gestion envisage introduire le dossier de changement d’appellation d’option administration rurale en population et gouvernance des territoires pour raison d’économie et rendre viable ce département. Les discussions informelles encouragent le Comité de Gestion d’aller dans ce sens. Enfin, il est prévu d’organiser un conseil pédagogique dont l’objectif est d’harmoniser le curriculum de formation avec les autres ISDR et de réfléchir sur la pédagogie de conduire les pratiques professionnelles. Il y a besoin et nécessité d’intégrer les professeurs attitrés dans cette activité en vue de coordonner les recherches thématiques et de publier les résultats au site web et dans les revues internationales pour le classement notre institut.

Mesdames et Messieurs,

Ces perspectives augurent les lendemains meilleurs. C’est le troisième et dernier point à développer. L’ISDR-Bukavu n’est pas condamné à sombrer malgré l’irruption d’une culture délinquante et les intrigues qui visent à usurper le pouvoir, à paralyser ses organes et son fonctionnement. C’est donc l’occasion de rappeler l’hymne de l’ISDR-Bukavu qui exalte à éveiller l’élan des communautés par le travail bien accompli quelles que soient les conditions difficiles que traversent les TDR. Par leur engagement et l’amour du travail bien fait, l’Afrique vivra et l’ISDR-Bukavu rayonnera pour toujours. Le Comité de Gestion appelle à la cohésion professionnelle, à l’innovation pour faire face à la compétition des autres instituts et à travailler durement dans le but de placer l’ISDR-Bukavu sur l’orbite de l’excellence. C’est dans ce sens que cet Institut peut se défaire et de déconstruire la culture délinquante en émergence.

Que vive l’ISDR-Bukavu,

Que vivent la Province du Sud-Kivu et sa population,

Que vive la République Démocratique du Congo,

Que Dieu soutienne les innovations à mettre en place et la communauté de l’ISDR-Bukavu.

Fait à Bukavu, le 28 novembre 2020

Le Directeur Général,

Prof. Dr Bosco MUCHUKIWA RUKAKIZA

[1] Le Directeur Général Bosco MUCHUKIWA RUKAKIZA a été violemment agressé et blessé par quelques agents qui ont reçu le 7 août 2020 de l’argent au bureau de la Section Enseignement pour le tuer en vue de récupérer le pouvoir et de le confier à l’auteur intellectuel de leur tribu. Le dossier est pendant au Parquet de Bukavu.

[2] Le Chef de Travaux Gervais CHIRHALWIRWA NKUNZIMWAMI, Coordonnateur Provincial de l’Union des Ecrivains Congolais et Sénateurs honoraire a révélé que Monseigneur Tharcisse TSHIBANGU TSHISHIKU et Président du Conseil d’Administration des Universités a été violemment agressé par les étudiants.    

[3] Le Journal Hebdo JUA du 11 août 1993 à la troisième page écrit que NSHIMBA LUBILANJI fut kidnappé et molesté par les étudiants de l’ISDR-Bukavu instrumentalisés par quelques agents. Les criminels de ce scandale visaient à le tuer et à le jeter dans le lac Kivu pour des raisons géopolitiques, c’est-à-dire le tribalisme.


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